Néovaisseaux choroïdiens maculaires compliquant des stries angioïdes

Images en angiographie ICG avant (à gauche) et après (à droite) injection de Ranibizumab. L'hyperfluorescence (*) n'est plus visible après les IVT.

Article publié en septembre 2010

Jusqu'à aujourd'hui, l'évolution de cette complication fréquente était extrêmement sévère.

L’évolution spontanée se fait vers une acuité visuelle (AV) < 1/10 avant 50 ans, chez des patients jeunes avec donc un lourd impact socioéconomique et un retentissement familial dramatique.

L’évolution est d’autant plus angoissante qu’il n’existe aucun traitement efficace au long cours. Les différents traitements : laser, PDT , chirurgie ne présentent qu’un bénéfice limité, puisque l’AV avec tous les traitements actuels reste limitée à 1,5/10. Ce pronostic catastrophique est surtout lié à la fréquence très élevée des récidives qui surviennent inexorablement après plusieurs mois et expliquent l’AV finale basse.

Récemment, un espoir est apparu avec la publication de rares cas de traitement des NVC compliquant les SA par IVT de Bevacizumab (Avastin), avec une AV stabilisée.

Le service d’ophtalmologie de l’hôpital intercommunal de Créteil a conduit une analyse non randomisée rétrospective de l’efficacité du Ranibizumab (Lucentis) dans le traitement des NVC compliquant les stries angioïdes.

Les patients présentant des CNV associés à des SA ont été traités par IVT de Ranibizumab (0.5 mg/0.05 mL). Un examen ophtalmologique complet avec OCT et angiographie à la fluorescéine, voire ICG au HRA a été effectué mensuellement.

L’objectif principal était le pourcentage d’yeux avec une acuité visuelle stable ou améliorée à la fin du suivi. Au total, 35 yeux de 27 patients (16 F, 11 H) ont été traités par des IVT répétées de Ranibizumab (Lucentis). L’âge moyen était de 63,7 ans et un pseudoxanthome élastique (PXE) a été prouvé par biopsie cutanée dans 40,7 % des cas.

Le nombre moyen d’injections était de 5,7 injections (allant 2 à 14 injections) pendant un suivi moyen de 24,1 mois (6 à 37 mois). A la fin du suivi, l’acuité visuelle était stabilisée ou améliorée dans 30 sur 35 yeux (85,7 %). L’épaisseur rétinienne était stabilisée ou améliorée dans 18 sur 35 yeux (51,5 %). Au terme du suivi, en angiographie à la fluorescéine, il n’y avait plus de diffusion dans 23 sur 35 yeux (65,7 %).

Dans cette large série avec un long suivi, le Ranibizumab (Lucentis) est le premier traitement capable de stabiliser voire même d’améliorer l’acuité visuelle dans 85,7 % des patients présentant des néovaisseaux choroïdiens maculaires compliquant des stries angioïdes. Un message essentiel est le risque élevé de bilatéralisation à court terme des NVC soulignant l’importance de la surveillance du 2ème œil.

Images en angiographie ICG avant (à gauche) et après (à droite) injection de Ranibizumab. L'hyperfluorescence (*) n'est plus visible après les IVT.
Images en angiographie ICG avant (à gauche) et après (à droite) injection de Ranibizumab. L’hyperfluorescence (*) n’est plus visible après les IVT.

Intravitreal ranibizumab for choroidal neovascularization in angioid streaks. Gérard Mimoun, Julien Tilleul, Anita Leys, Gabriel Coscas, Gisèle Soubrane, Eric H Souied. 2010 Nov;150(5):692-700.e1. PMID: 20719301 DOI: 10.1016/j.ajo.2010.06.004. Epub 2010 Aug 16.